Le bon sens commun nous fait intervenir sur les plantes quand il est possible d’obtenir le meilleur résultat, en interférant le moins possible avec l’activité naturelle du végétal, car soumettre une plante au stress ralentit son processus d’évolution au lieu de l’accélérer.

Toute intervention doit avoir un objectif précis. Il faut tâcher d’intervenir sans omission ni ajournement, parce qu’il s'agit dans tous les cas d'une occasion d’améliorer le bonsaï qui n’est pas fréquente. Pour obtenir des résultats appréciables, il est très important de travailler sur des plantes vigoureuses. Les plantes faibles donnent des réponses insignifiantes, avec le risque d’en mettre en danger la survie. Fortifier une plante sur laquelle on prévoit une intervention veut dire bien la fertiliser l'année précédente : la quasi totalité des espèces absorbent et stockent les éléments nutritifs pour les utiliser pendant la saison végétative suivante. Auteur : Bruno Mazza - Esprit Bonsai.

 

 

Le cycle de la plante

Pendant une année, les plantes traversent différentes phases:

  1. La dormance de l’hiver,
  2. La reprise et la floraison,
  3. La production de la nouvelle végétation et la fructification,
  4. La courte dormance de l’été,
  5. La consolidation de la nouvelle végétation,
  6. La préparation de la dormance de l’hiver.

 

Le début et la durée des phases sont fortement conditionnées par les variations de la photopériode (le rapport entre la durée du jour et celle de la nuit) et du climat, qui peuvent altérer les périodes de repos ou d'activité. Par exemple, des températures très hautes, dépassant 32-35 °C, si elles ne se limitent pas à une très courte durée, ralentissent ou inhibent la photosynthèse : la plante entre alors dans une période de dormance qui ne se termine qu'après le rétablissement des conditions normales.

 

Les périodes d’intervention

Les interventions sur les bonsaïs sont, la plupart du temps, subordonnées à l’une des phases du végétal. Parfois, le bon moment se limite à une durée très courte de quelques jours : c'est le cas pour le pincement des bourgeons des érables. Parfois, au contraire, les interventions peuvent être abordées avec une amplitude de temps, en étant adaptées ou remplacées par d’autres solutions qui, si elles sont gérées avec discernement, peuvent s’avérer favorables : c’est le cas du rempotage de certains feuillus en été.

En général, les phases d’interventions coïncident avec le changement de saisons, ou presque:

  • en hiver, la dormance due au grand froid,
  • au début du printemps, la reprise de l'activité végétative,
  • au printemps et au début de l'été, la forte poussée de la végétation,
  • en plein été, la dormance due à la chaleur,
  • au début de l'automne, la fructification et la consolidation de la végétation,
  • à la fin de l'automne, la préparation à la dormance de l’hiver.

 

Les considérations notées ci-dessous ne sont que des indications de principe. La position géographique, le microclimat local sont des facteurs extrêmement variables, qui exigent de vérifier la capacité d'adaptation de la plante au lieu choisi. Observer attentivement le cycle biologique des plantes pour en tirer des indications utiles et choisir le temps et la façon d'intervenir est bien plus pertinent et donne plus de certitudes que de suivre des tableaux aux indications données.

 

La phase 1. Pendant la dormance de l’hiver

Les feuillus sont inactifs lors de cette période. L’absence des feuilles ne permet pas la photosynthèse et les organes n’ont pas d’activité. La partie aérienne n'a aucun besoin, ni en lumière ni en fertilisant. On se limite aux soins de routine pour éviter d’éventuelles infestations de parasites ou de champignons.
Les racines, au contraire, nécessitent un certain degré d'humidité du substrat pour rester vigoureuses et ne pas sécher. Mais il faut faire attention à ne pas exagérer l'arrosage pour ne pas les asphyxier. Durant cette période, à cause des températures basses, l'évaporation de l’eau est faible et son absorption par les feuilles nulle. Le substrat sèche si lentement qu’on peut facilement oublier de le contrôler. Cette période est favorable à un grand nombre d’interventions sur les bonsaïs.

 

Le rempotage

La plupart des bonsaïs peuvent être rempotés pendant tout l'hiver, mais les semaines juste avant la reprise sont préférables, quand on pense que le froid intense ne sera désormais plus un danger éventuel pour les racines. Si le rempotage se fait en plein hiver, il faut penser à mettre les bonsaïs hors gel, mais dans une pièce non chauffée, pour ne pas stimuler une reprise anticipée.

Le rempotage des feuillus se fait en général à racines nues, en nettoyant au jet d'eau la motte des racines. C’est l’opportunité, tous les deux ou trois ans, de pouvoir bien regarder toutes les racines. C'est pourquoi, il faut en profiter pour les améliorer en éliminant les grosses afin de stimuler la pousse des fines qui absorbent les nourritures dissoutes dans l'eau. L'amélioration doit concerner soit les racines enterrées, soit les racines de surface, et le nebari qui doit être soigné à chaque rempotage.

L'ensemble des racines d'un feuillu vigoureux peut être réduit de 60 %, et plus encore, sans que la plante en souffre.
Le rempotage des conifères est plus compliqué et comporte un pourcentage de risque un peu plus élevé que pour les feuillus. On ne doit jamais le réaliser à racines nues, mais en gardant une partie intacte de la motte des racines. En général, les racines fines des conifères ont plus de difficultés à se former. Pour absorber la nourriture, elles ont besoin des mycorhizes, qui doivent donc être sauvegardées.Le temps dont on dispose pour rempoter les feuillus à la fin de l'hiver est plutôt limité. Les rempotages doivent être suspendus dès l'ouverture des premiers bourgeons. Une deuxième possibilité de rempotage se présente au mois de juin, quand les feuilles du premier bourgeonnement sont matures.
La période pour le rempotage des conifères est bien plus longue et peut se prolonger jusqu'à l'ouverture des chandelles pour les pins, ou à la pousse de la nouvelle végétation des genévriers : en pratique, la période peut aller de la moitié du mois de février à la moitié de juin, selon le microclimat du lieu.
La taille des racines lors du rempotage stimule la plante à produire rapidement de nouvelles racines, une nouvelle végétation et à réparer ses blessures : la cicatrisation dans cette période est très rapide.

 

The roots

Après avoir enlevé doucement le substrat de cet érable, on lave ses racines au jet d'eau.

Pruning roots

Quand on peut voir l’ensemble des racines, on peut tailler. On élimine le pivot et les racines plus grosses et on réduit un peu les fines pour stimuler la pousse de nouvelles racines.

After pruning roots

Le pain racinaire est prêt pour être placé dans son pot.

 

La taille

En ce qui concerne la partie aérienne de la plante, cette période de fin d’hiver est favorable à la réalisation de taille drastique, de taille de remplacement et de taille de réforme :

  • La taille drastique, ou taille de formation, est destinée à donner une première mise en forme à un matériau vierge, à réduire la longueur d'un tronc et à en accentuer la conicité si cela est prévu dans le projet du bonsaï, ou à éliminer les branches inutiles.
  • La taille de remplacement est la taille utilisée pour réduire la hauteur d'un bonsaï ou la longueur des branches. Elle sert donc à compacter la forme du bonsaï. Cette taille et la précédente utilisent une branche secondaire plus petite et plus courte pour remplacer celle coupée.
    Si nécessaire, avant la reprise du printemps, c'est l'occasion de faire une deuxième mise en forme pour revoir le projet ou le perfectionner.
  • La taille de réforme. Il est possible aussi d’utiliser une taille très légère destinée à rattraper la forme perdue à cause de la pousse de la végétation de la dernière saison. Cette taille, d’ordinaire associée à la ligature, permet de rétablir la forme du bonsaï et à la végétation de pousser correctement.
    Cette intervention répétée tous les ans conduit le bonsaï vers la maturité et facilite la stabilisation de l'activité végétative.

 

Il vaut toujours mieux soigner les bords des tailles au mastique cicatrisant ou avec de la bande en aluminium adhésive, pour les protéger des microorganismes ou des insectes, et pour garder un taux minimum d'humidité, nécessaire au développement des cellules de la cicatrisation.

L'utilisation d'une bande en aluminium adhésive (épaisseur 0,5 mm) pour la cicatrisation a été adaptée au bonsaï par le maître Harumi Miyao, reconnu au Japon comme le plus grand expert de l’érable palmé, Acer palmatum. La technique consiste à couvrir la taille bien plane (non concave !) par un bout de bande en aluminium qui déborde de deux centimètres tout autour de la taille. La cicatrisation se fait en moitié moins de temps qu’avec d’autres méthodes, et sans renflements.

 

Adhesive protection

Une bande adhésive en aluminium peut être utilisée pour la cicatrisation des plaies.

A healed wound after pruning

La cicatrisation est rapide et sans renflement.

 

À faire aussi pendant la dormance

La dormance de l’hiver est un bon moment pour réaliser :

  • les jin et les shari (parties de branches ou de troncs morts), aussi bien les petits que les grands ;
  • les grands travaux sur les bois morts des genévriers, des pins, des Prunus :
  • les pliages des troncs ou des branches, petits ou grands ;
  • les traitements au liquide à jin pour protéger le bois mort de la pourriture ;
  • les traitements au liquide à jin à titre préventif (délayer 1 volume de liquide à jin dans 30 volumes d’eau) sur les troncs et la grosse ramification des feuillus.
  • Sur les pins, juste avant la taille de réforme et les ligatures, si cela n’a pas été déjà fait, il est encore possible d’enlever les vieilles aiguilles pour faire entrer plus de lumière, d’activer les bourgeons dormants à l'intérieur de l’arbre et de trier les bourgeons au bout des rameaux pour n’en laisser que deux

 

Jin before work

La dormance de l’hiver est l’occasion de travailler un jin. Inciser l'écorce en tournant les pinces sans trop serrer (juste l'épaisseur de l'écorce), puis inciser en croix le moignon de la branche.

Jin after work

Tirer les fibres du bois de façon à les déchirer pour obtenir l’effet le plus naturel possible.

 

La phase 2. La reprise du printemps

Au début du printemps, les feuillus doivent être contrôlés assidûment pour voir les premiers signes du bourgeonnement. Pour quelques espèces, les ormes et les charmes par exemple, on laisse bourgeonner librement pour intervenir quelques semaine plus tard, lorsque les nouveaux jets auront développé au moins 4 à 6 feuilles, en coupant aux ciseaux, après la deuxième feuille.

 

Hornbeam pruning bonsai

Quelques semaines après la reprise de l’activité végétative, couper ces nouveaux jets des charmes aux ciseaux après la deuxième feuille.

 

D’autres, au contraire, surtout dans le cas de bonsaïs déjà formés, ont besoin d'interventions pour contrôler une pousse trop vigoureuse et ne pas compromettre l'élégance et le raffinement de l’extrémité de la ramification. C’est le cas des érables palmés dans la phase de formation : si on les laisse pousser sans entraves, ils produisent pendant la saison de grosses pousses droites d’un mètre de long.
Sur l'érable en phase de perfectionnement, au contraire, on doit intervenir sur les bourgeons tous les jours, à partir de l’éclosion des premiers jusqu'à la fin du bourgeonnement des derniers. L'intervention consiste à ouvrir les deux premières feuilles, qui seront gardées, et à éliminer les feuilles qui se trouvent à l’intérieur.

L'intervention, appelée “pincement” induit la pousse de nouveaux bourgeons plus petits sortants des aisselles des feuilles laissées.
Cette intervention constante et répétée, réalisée bien souvent en liaison avec l'effeuillage, génère de petites feuilles et une ramification fine et élégante, qui doivent caractériser les érables palmés.
Le hêtre est un cas particulier parce qu’il bourgeonne une fois seulement au printemps. Cette particularité a pour conséquence d’augmenter le temps nécessaire à la densification de la ramification.

 

Pinching a deciduous bonsai

Les bourgeons des hêtres sont en train de s'ouvrir. il faut intervenir tous les jours en ouvrant les bourgeons avec les doigts pour éliminer la partie centrale

After pinching

On garde les deux premières feuilles

 

La phase 3. Du printemps à l’automne

Pincement des genévriers

Toutes les variétés de genévriers (Juniperus communis, J. chinensis, J. phoenicea L., etc.), si elles sont bien cultivées (avec le soleil, l'eau et l'engrais nécessaires) bourgeonnent sans arrêt du printemps à l'automne. Les nouvelles pousses sont à pincer avec le bout des doigts, tous les 10 à 15 jours, ou à tailler aux ciseaux deux ou trois fois durant la saison. Si l’on choisit d'utiliser les ciseaux, il faut couper en entrant les tranchants des ciseaux parallèlement à la tige de la pousse.

 

Parallel pruning

Le pincement des genévriers se fait en introduisant les ciseaux parallèlement à la tige. Ne pas couper perpendiculairement.

Pinching a fir

Pincer les gros bourgeons de sapin à la moitié avec les doigts, lorsqu’il atteignent 2-3cm (environ 1 pouce).

 

Pincement des sapins

En ce qui concerne les sapins, seuls les bourgeons forts sont à pincer quand ils atteignent 2-3 cm de long. On les déchire avec les doigts à la moitié. On laisse les bourgeons faibles se développer pour équilibrer la vigueur des différentes zones de l’arbre.

 

Pincement des feuillus

La tendance naturelle des plantes est de développer la croissance des zones les plus riches en lumière pour pouvoir réaliser au mieux la photosynthèse. La tâche du bonsaika est de répartir la croissance le plus uniformément possible pour équilibrer la vigueur dans toutes les zones de la plante.
Le pincement doit intervenir sur les bourgeons les plus vigoureux pour en limiter le développement et favoriser le renforcement des faibles. D’ordinaire, on ne garde que les deux premiers bourgeons et on élimine les autres. Toutefois, dans les zones particulièrement fortes, il vaut mieux n’en laisser qu'un seul, et dans les plus faibles trois, voire quatre.

L'intervention doit être répétée, au fur et à mesure que la nouvelle végétation pousse, et doit continuer pendant toute la saison végétative.
Les plantes à fleurs et à fruits sont un cas à part, car elles doivent être laissées libre de pousser. On les taille seulement à la fin de l'été après la différenciation des bourgeons en bourgeons à fleurs ou à feuilles. En effet, les bourgeons à fleurs se développent à la base des rameaux ayant grandi dans l'année.
Si l’on taille les rameaux avant la différenciation, qui a lieu vers la fin du mois de juin en général, la réduction de la surface foliaire oblige la plante à augmenter les bourgeons à feuilles et à renoncer à ceux à fleurs afin de rétablir l'équilibre de la végétation existante.

 

Pincement des pins

Les mois de mai et de juin sont une période d'activité intense chez les pins. Pour faire un bonsaï d’un pin, il n'est pas possible de faire abstraction du pincement des chandelles et de la taille des nouvelles pousses. Les rameaux, s’ils ne sont pas freinés, continueraient à s'allonger en tous sens à la recherche de la plus grande quantité possible de lumière. Ils seraient donc impossibles à compacter pour en faire des plateaux.
La vigueur se concentrerait vers les endroits les plus forts – les rameaux du haut de l’arbre et en bout de branches sur les autres – comme il arrive pour la presque totalité des plantes, ce qui augmenterait d’autant la vigueur au détriment des zones faibles qui finiraient par mourir.
Pour inverser cette tendance, on coupe une partie plus ou moins grande des chandelles. La période d'intervention est difficile à établir a priori, car elle varie selon les sujets, et le lieu géographique. Il faut retenir que l’on pince les chandelles quand, sur des sujets vigoureux, elles se sont développées de façon adéquate, de plus ou moins 3 cm.

Pour pincer, on prend la chandelle entre le pouce et l'index et on la coupe en lui imprimant une légère torsion. Il ne faut pas utiliser les ciseaux parce que dans ce cas, le bout des aiguilles noircirait en se développant.
Quand les chandelles ne s'ouvrent pas toutes à la fois, il faut être attentif pour les pincer toutes au fur et à mesure de leur développement.

 

Pine pinching

Pincer les chandelles des pins vigoureux avec les doigts, par une légère torsion.

 

Marcotter

Quand la plante est en pleine activité, c’est le bon moment pour faire des marcottes. La sève coule avec abondance et tous les organes travaillent à une bonne cadence, ce qui favorise l’émission rapide de racines.
On fait une marcotte pour réduire un tronc trop long, pour créer un nouveau sujet en utilisant une partie intéressante d'une plante trop grosse, ou encore pour améliorer un nebari pas très joli, etc.
On profite de l'aptitude d'un grand nombre de plantes à produire assez rapidement de nouvelles racines à l’endroit de l'ablation d'un anneau d'écorce.
La marcotte est un moyen de multiplication facile à mettre en œuvre. Elle s’utilise beaucoup pour produire, assez rapidement, des sujets de bonnes dimensions aux caractéristiques intéressantes.

 

Bouturer

La bouture est une technique de reproduction qui permet d'obtenir des plantes aux caractéristiques parfaitement identiques à celles de la plante mère. On profite à nouveau dans cette technique de la facilité de quelques espèces – des genévriers et de presque la totalité des feuillus – à émettre des racines.
Les pins ne sont pas indiqués ici, parce qu’ils ont d’ordinaire un métabolisme trop lent pour que la bouture s‘enracine avant de se déshydrater.
Les sujets bouturés, si l’on a bien choisi la partie à bouturer, posséderont de bonnes caractéristiques, mais auront besoin de beaucoup de temps pour atteindre des dimensions appropriées pour la création d’un bonsaï.

 

La phase 4. L’été

Rempotage d'été

Parfois, faute de temps ou par la survenue d’incidents divers, on ne peut rempoter durant la période la plus favorable, en général à la fin de l’hiver. Certaines espèces peuvent être rempotées sans risque en dehors de cette saison, d'habitude au mois de juin, en prenant des précautions.
Ce rempotage d'été se fait quand les feuilles sont matures, c’est-à-dire lorsqu’elles ont terminé leur développement et remplissent pleinement leurs fonctions (photosynthèse tout d’abord). Leur couleur change un peu (elles foncent), et leur texture de même – elles deviennent plus résistantes et, les frotter entre les doigts fait un bruit semblable au froissement d’une feuille de papier. C'est le moment favorable pour un rempotage “hors saison“.
En été, les racines ne seront que de 40 % au maximum, alors qu’au printemps encore elles peuvent être réduites jusqu’à 60 %. De plus, il est conseillé de réduire de même la végétation, par un effeuillage plus ou moins important, de façon à équilibrer le bilan hydrique – entre l’eau absorbée et celle évaporée.
Après le rempotage, il est important de protéger la plante du vent et du soleil direct pour quelques semaines et de l’abriter dans un endroit lumineux.
Pour assurer au substrat un bon degré d'humidité, qui favorise l'émission et le développement des radicules, en surface où le séchage est plus rapide, il faut couvrir le substrat d’une couche de sphaigne en petits morceaux, que l’on peut laisser en permanence en place.
Si l’on travaille avec un peu de précaution, les feuillus supportent en général sans aucun problème les rempotages hors saison. Pour les conifères (pins et genévriers), en comptant sur une période de rempotage plus longue, on élimine de ce fait la nécessite de rempoter en juin, d'autant plus que ce mois est celui du développement des chandelles, de l'émission de nouvelles aiguilles et de nouvelles pousses et qu’il est dangereux et non adéquat de stresser inutilement les plantes.

 

Taille des nouvelles pousses des pins

Durant le mois de juin, parfois jusqu'à la mi-juillet en fonction du climat et des caractéristiques propres à chaque plante, on taille aux ciseaux les nouvelles pousses des pins. Ces nouvelles pousses sont les bourgeons devenus chandelles qui ont émis des aiguilles.
Le but de la taille des nouvelles pousses est de contrôler l'allongement des rameaux, de favoriser le réveil des bourgeons dormants pour former par conséquent une ramification dense et compacte, et de réduire la longueur des aiguilles.

 

Pine pruning

Au mois d’août, au-dessous de la taille des nouvelles pousses de pin, pousseront des bourgeons qu’on sélectionnera en automne.

 

La dormance de l’été

À l'arrivée des hautes températures estivales — au-dessus de 32-35 °C- presque toutes les plantes arrêtent ou ralentissent considérablement leur activité végétative. Le métabolisme, la photosynthèse, la transpiration et les échanges gazeux essuient d’importantes modifications, obligeant les feuilles à mettre en place des mécanismes capables de réduire l'absorption de la chaleur et d'en activer au maximum la dissipation par les stomates. La plante arrête la croissance et entre en repos. Quand les conditions redeviennent “normales” pour elle, tous les mécanismes recommencent à fonctionner normalement.
Durant cette période, toute l’attention doit être portée à l'arrosage : il arrive souvent que les températures très hautes et le vent sèchent très vite le substrat et brûlent littéralement les feuilles déshydratées. Les feuilles commencent à sécher (brunir) sur le bord extérieur, et si la plante n'est pas vite arrosée et bassinée (arrosée en pluie fine), elles finissent par sécher complètement.
On comprend aisément que pour bien fonctionner, la plante a besoin d’une quantité d'eau au moins égale à celle utilisée pour mettre en œuvre ses fonctions.
Lorsque la quantité d'eau perdue par la transpiration foliaire, l’évaporation du substrat etc. dépasse celle absorbée, les feuilles fanent.
Si le déséquilibre est léger et persiste peu, les conditions normales sont vite rétablies en arrosant et on n'enregistre pas de dommage permanent. Seules la photosynthèse et la croissance seront inhibées temporairement. Sans arrosage, la perte d’eau s'étend des feuilles au tronc jusqu'aux racines, et les feuilles tombent en quelques jours.
La perte totale des feuilles en avance par dessèchement, à l’instar de ce qui arrive à la fin de l'automne, n'est pas toujours un signe de la mort de la plante. Si les bourgeons pour le printemps suivant ont été produits, et que la déshydratation n'a pas touché ni les rameaux ni le tronc ni les racines, la plante bourgeonnera normalement au printemps.
Si la plante est réhydratée, elle peut même se remettre dans la saison en cours, reconstruire les poils racinaires et les bourgeons.

 

Summer burn

Ce hêtre a souffert de la chaleur : ses feuilles ont complètement séché.

Scratch the bark

Pourtant, en grattant la tige avec l’ongle, on voit que les rameaux ne sont pas secs. Les bourgeons sont turgescents, au printemps ils bourgeonnent sans problème.

 

La phase 5. À l’automne

Fertiliser

Passée la période des grandes chaleurs, fin août début septembre (à moduler selon les régions), les températures redeviennent normales, au-dessous des 30 °C, les plantes recommencent alors leur activité végétative normale.
C’est aussi le moment où l'attention doit se concentrer au maximum sur la fertilisation, qui doit fournir à la plante les substances pour se développer, consolider la végétation produite, reconstituer les réserves utilisées et se fortifier pour affronter au mieux la saison hivernale.
En automne, il faut utiliser de préférence des engrais faibles en azote, ce qui est préférable pour faire pousser la végétation, surtout pour des plantes jeunes et en phase de construction. L’engrais doit aussi être riche en phosphore – pour stimuler la pousse des racines et préparer une bonne floraison pour le printemps – et en potassium, pour fortifier la plante, accroître la capacité d'assimilation des racines et consolider les croissances produites dans la saison.
Les engrais chimiques, à utiliser avec beaucoup précautions, sont rapidement utilisables par la plante. À l’inverse, les éléments nutritifs des engrais organiques doivent se décomposer par fermentation pour être assimilés : c'est pour cela qu’ils ne  sont utilisables par les racines seulement 20 à 30 jours après la distribution.

 

Phase 6. Le repos hivernal

L’hiver est le moment, après tous les soins prodigués, de jouir et d'être récompensés : nos arbres nous offrent des grappes de petites pommes, des kakis orange, une quantité de baies multicolores et des feuilles aux couleurs splendides.
Mais il y a encore de petits travaux à faire pour conduire au mieux les plantes au repos :
- éliminer les vieilles aiguilles des pins – celles qui n’ont pas poussé cette saison – pour permettre à la lumière de pénétrer entre les rameaux et d’activer la reprise des bourgeons dormants ;
- éliminer les feuilles mortes sur les feuillus, pour empêcher que la stagnation de l'humidité ne crée des problèmes ;
- traiter avec une solution de liquide à jin les rameaux et le tronc des feuillus pour prévenir maladies et infestation fongiques (1 volume de liquide jin pour 30 d’eau).

 

Bonsai with fruits

L’hiver est arrivé et ce shohin chargé de kaki est une joie pour les yeux et l’esprit.

 

 

L’expérience et l’observation

Chaque plante est un sujet unique en ce qui concerne sa physiologie, son aspect esthétique et sa vigueur, qui peuvent influencer les réponses aux interventions. L’âge des plantes aussi peut conditionner profondément la rapidité et l'importance de la réponse ; les plantes jeunes ont pour objectif primaire de se développer, de croître pour atteindre le plus vite possible la fonction reproductrice et finaliser le cycle vital. Une plante mature est plus encline à maintenir et à garder durable sa situation en ralentissant les fonctions de ses organes. Chaque situation est différente et exige d’adapter les modalités et les temps d'intervention. Et l'expérience du bonsaika joue alors aussi un rôle très important - Bruno Mazza & Esprit Bonsai.